Empreinte carbone
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Comparaison des méthodologies : GHG Protocol vs. Bilan Carbone

Gautier Mulak
Gautier Mulak
CEO d'Orki

mis à jour le 28 févr. 2024

L'évaluation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont devenues des priorités pour les entreprises soucieuses de leur responsabilité environnementale et sociale. Dans ce contexte, différentes méthodologies ont été développées pour aider les organisations à quantifier et gérer leurs émissions. Parmi celles-ci, le GHG Protocol et le Bilan Carbone sont deux approches couramment utilisées. Laquelle choisir ?

greenhouse gas emissions (ghg emissions) vs bilan carbone

Le protocole GHG en quelques mots

Présentation globale du greenhouse gas protocol

Le GHG Protocol, ou Greenhouse Gas Protocol, est une méthode standardisée et largement adoptée pour la comptabilisation et la gestion des émissions de gaz à effet de serre (GES) des organisations.

Il a été développé conjointement par le World Ressources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) dans le but de fournir un cadre cohérent et transparent pour les entreprises et les institutions souhaitant mesurer et réduire leurs émissions de GES.

Information importante

Le World Resources Institute (WRI) est un institut de recherche indépendant et à but non lucratif, créé en 1982, dont le siège est situé à Washington D.C., aux États-Unis. Il se consacre à la recherche et à la promotion de politiques et de pratiques durables pour protéger l'environnement et améliorer la qualité de vie des populations dans le monde entier.

Comptabiliser les émissions

L'application du GHG Protocol permet aux entreprises de mieux comprendre leur impact environnemental, d'identifier les sources d'émissions les plus significatives, et de mettre en place des stratégies de réduction des émissions efficaces et ciblées.

De plus, le GHG Protocol facilite la communication des résultats de l'inventaire d'émissions aux parties prenantes, telles que les investisseurs, les clients, les employés ou les organismes de régulation, contribuant ainsi à renforcer la transparence et la crédibilité des actions environnementales de l'entreprise.

Le GHG Protocol est structuré autour de plusieurs principes clés, tels que la pertinence, la cohérence, la transparence, la précision et l'exhaustivité, qui guident les entreprises dans la mise en place d'un inventaire d'émissions robuste et fiable.

La méthodologie repose également sur la notion de "portées" (scopes) pour classer les émissions de GES en fonction de leur origine et de leur lien avec l'entreprise.

Une ambition internationale

Avant l'existence de ces différents protocoles, les entreprises désirant calculer leur empreinte carbone devaient créer leur propre méthodologie. Sans base commune pour évaluer les émissions, il aurait été pratiquement impossible de comparer, additionner et agréger les inventaires de GES de deux entreprises distinctes.

Contrairement aux normes comptables et financières, il n'existe pas encore de standards universellement acceptés pour la comptabilisation et la présentation des emissions de GES. Ces protocoles constituent une étape essentielle dans l'établissement de telles normes et l'harmonisation des pratiques.

Les gaz à effet de serre

Le protocole GES porte sur les rejets de 6 gaz majeurs contribuant à l'effet de serre, produits par les activités humaines.

  • Le dioxyde de carbone (CO2) provient de la consommation de combustibles fossiles, de l'agriculture, de la déforestation, de l'urbanisation, entre autres.
  • Le méthane (CH4) est principalement généré par l'élevage de bovins et autres ruminants, ainsi que par des fuites lors de la méthanisation (production de biogaz à partir de déchets organiques) ou un compost mal aéré.
  • L'hydrofluorocarbure (HFC) est libéré par les sites d'enfouissement, les activités minières et pétrolières.
  • Le protoxyde d'azote (N2O) est principalement émis par les industries du froid et de l'automobile.
  • Le perfluorocarbure (PFC) provient des climatiseurs, des systèmes de réfrigération et des extincteurs.
  • L' hexafluorure de soufre (SF6) est produit par l'industrie pharmaceutique.

La méthodologie du GHG protocol

Les grandes étapes

Le protocole GES suit une méthodologie bien définie :

  • Établissement d'un périmètre organisationnel (proportion du capital et contrôle) ;
  • Détermination d'un périmètre opérationnel : quelles émissions doivent être considérées ? ;
  • Estimation recommandée des émissions de GES selon les directives du GIEC ;
  • Choix d'une année de référence ;
  • Gestion de la qualité de l'inventaire et prise en compte des incertitudes ;
  • Audit par un tiers
  • Évaluation des réductions d'émissions ;
  • Recommandations pour définir un objectif de diminution des émissions.

Les scopes 1, 2 et 3 dans le GHG Protocol

Grâce à ce protocole, on identifie trois catégories d'émissions dans un bilan carbone :

  1. Les émissions directes (scope 1) : elles sont associées à la consommation d'énergies fossiles par l'entreprise elle-même.
  2. Les émissions indirectes liées à l'énergie (scope 2) : elles proviennent de la production ou de l'acquisition d'énergie par l'entreprise.
  3. Les autres émissions indirectes (scope 3) : cette catégorie englobe le reste des émissions indirectes et est la plus difficile à estimer. Elle nécessite une analyse approfondie de l'ensemble de la chaîne de valeur, incluant le transport des personnes et des biens, les émissions liées aux achats, au numérique, et bien plus encore. Pour de nombreuses entreprises, cette catégorie représente la majorité de leurs émissions carbone. La fiabilité et la pertinence des résultats dépendent du temps consacré à l'évaluation et de l'expertise de la personne ou de l'outil utilisé pour réaliser les calculs.

GHG Protocol, norme ISO 14064-1, Bilan Carbone ADEME : quel référentiel choisir ?

Le Bilan carbone de l'ADEME

La méthode Bilan Carbone® est un système de comptage et de déclaration des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui inclut des outils et des programmes de formation adaptés. Très répandue en France, cette approche s'adresse à tous les acteurs économiques, quels que soient leur niveau d'expertise et de maturité, en proposant des recommandations personnalisées selon les besoins.

Un aspect central du Bilan Carbone est la réduction des émissions de CO2. L'ADEME met l'accent sur l'importance d'informer et d'impliquer les parties prenantes au cours du projet, afin de faciliter la mise en œuvre et la pérennité des actions visant à réduire les émissions.

Le processus du Bilan Carbone se déroule en cinq étapes clés :

  1. Sélection du responsable du projet et définition des objectifs clairs.
  2. Détermination du périmètre de calcul, en prenant en compte l'année de référence, les émissions considérées et les activités concernées.
  3. Collecte des données, évaluation des émissions et analyse des résultats, en mettant l'accent sur les principales sources d'émissions.
  4. Conception d'un plan d'action réaliste, ambitieux et adapté, en classant les actions selon leur efficacité et faisabilité, pour privilégier les mesures ayant le plus grand impact.
  5. Synthèse et restitution finale, formalisant ainsi la déclaration des émissions carbone de l'entreprise et mettant en évidence les progrès réalisés.

La norme ISO 14064-1

La norme ISO 14064 Partie 1 est un standard international dédié à la déclaration des émissions de gaz à effet de serre (GES) par les entreprises. Cette norme, publiée initialement en 2006, visait à établir un modèle de déclaration des GES compatible avec les normes ISO existantes en matière de gestion de l'énergie et de l'environnement (ISO 14001 et 50001).

Fondée sur le GHG Protocol, la norme ISO 14064 transpose ses exigences au sein d'une structure ISO. En 2007, l'ISO, le WBCSD et le WRI ont conjointement soutenu le GHG Protocol et la norme ISO 14064.

À l'instar du GHG Protocol, la norme ISO 14064 distingue les émissions directes et indirectes. Néanmoins, elle ne détermine pas les champs d'application. Les émissions du scope 1 du GHG Protocol correspondent aux émissions directes de la norme ISO 14064, qui regroupe les scopes 2 et 3 en tant qu'émissions indirectes. De plus, la norme ISO 14064 n'établit pas de directives strictes pour la classification des émissions indirectes, et impose des exigences différentes en termes de structure et de contenu du rapport.

En résumé, malgré certaines différences, les émissions couvertes par les deux normes demeurent presque identiques, offrant un cadre cohérent et professionnel pour la déclaration des émissions de GES.

Quelles sont les différences et comment choisir ?

La norme ISO 14064 se base sur le protocole GHG et standardise le processus de quantification des émissions de carbone ainsi que la rédaction des rapports de déclaration.

En outre, cette norme exige la vérification par un tiers indépendant, un élément qui n'est pas obligatoire dans le Bilan Carbone de l'ADEME ni dans le protocole international.

Le Bilan Carbone est conçu pour être plus exhaustif et rigoureux que le GHG Protocol, qui fournit des directives plus spécifiques pour la comptabilisation des émissions indirectes (scope 3).

Information importante

Un tableau comparatif des deux méthodes de comptabilisation des émissions GES est disponible dans le document publié par l'Association Bilan Carbone.

Le Bilan Carbone est plus reconnu et utilisé en France que son équivalent international. L'ADEME facilite grandement la mise en œuvre du plan d'action en fournissant des outils utiles pour estimer les coûts et les ressources nécessaires. Le GHG Protocol offre des règles de calcul plus précises que le Bilan Carbone, en particulier pour le scope 3, qui est essentiel pour de nombreuses entreprises. Le Bilan Carbone recommande d'inclure toutes les activités de l'entreprise dans le périmètre d'étude, bien qu'en pratique, il soit possible de les exclure, tout comme dans le GHG Protocol.

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