mis à jour le 15 sept. 2023
L'analyse du cycle de vie du produit représente un nouveau défi de taille pour les entreprises. S'il n'existe que très peu d'obligations légales en la matière, cette étude approfondie peut être l'occasion de remettre en question les processus de production ou les matières premières utilisées. Satisfaire les consommateurs, tendre vers une économie plus verte, les enjeux sont nombreux. S'en emparer pourrait bien être un avantage comparatif de taille.
L'analyse du cycle de vie est un concept que les entreprises doivent désormais maîtriser, notamment pour atteindre leurs objectifs de transition écologique.
L'analyse du cycle de vie est une méthode par laquelle on évalue l'impact environnemental d'un produit, en prenant en compte la totalité des étapes du cycle de vie. Depuis l'extraction des matières premières, jusqu'au recyclage ou à l'élimination de ce dernier, tout est donc considéré pour obtenir la vision la plus complète possible, des effets sur l’environnement.
Celle qu'on appelle aussi l’ACV repose sur des normes, mais aussi des méthodologies standardisées. Il s'agit de garantir la fiabilité des résultats, en permettant au consommateur de comparer plusieurs produits similaires selon les mêmes critères.
L'analyse du cycle de vie poursuit plusieurs objectifs comme :
Pour s'assurer d'effectuer l'analyse du cycle de vie la plus complète possible, il est important de comprendre les différentes étapes par lesquelles passe un produit.
La phase de développement et de conception est généralement impactante pour l'environnement. Au cours de l'analyse de cette étape, il est important de prendre en considération l'impact environnemental de l'extraction ou de la conception des différentes matières premières.
Doivent aussi être évalués, l'impact de la recherche, de la conception et de la modélisation du produit.
Le processus de fabrication est une phase dont l'analyse comprend toutes les étapes permettant d'arriver au produit fini. En fonction du type de produits fabriqués, les méthodes utilisées peuvent considérablement varier, de la fabrication automatisée à grande échelle, à la fabrication artisanale.
Vient ensuite le moment de distribuer le produit, en l'acheminant vers les points de vente. Ici, on analyse non seulement la chaîne d'approvisionnement, mais aussi la logistique, la distribution et le stockage de la marchandise.
Si le transport semble être le principal point d'optimisation de cette étape, une chaîne de logistique bien pensée peut aussi permettre de réduire considérablement l'impact environnemental d'un produit.
La commercialisation et la vente sont aussi à prendre en compte dans l'analyse du cycle de vie d'un produit. En effet, les différentes campagnes marketing peuvent avoir un impact. On prendra par exemple en compte les effets de la création de PLV sur la planète.
La phase d'utilisation et d'exploitation est celle au cours de laquelle le client dispose du produit. L'impact environnemental est alors fortement influencé par la durée de vie. La façon dont le produit est utilisé est aussi déterminante.
On prend aussi en considération les éventuelles opérations de maintenance ou de réparation du produit. Si ces dernières visent souvent à prolonger la durée de vie, elles peuvent aussi avoir un impact environnemental.
Par exemple, pour la réparation d'une télé, on prend en compte l'impact du trajet effectué par le réparateur. La conception des pièces de remplacement est aussi à évaluer.
La fin de vie du produit est la dernière phase à prendre en compte dans l’ACV. Le produit peut être détruit, recyclé ou encore réinventé. Pour cette troisième possibilité, il s'agit de prolonger le cycle de vie du produit, en le reconditionnant ou encore en changeant son utilisation.
Une entreprise qui souhaite se lancer dans l'analyse de cycle de vie d'un produit doit suivre les étapes suivantes.
Avant toute chose, il est primordial de s'interroger sur les raisons pour lesquelles on entame une analyse du cycle de vie du produit. Les raisons peuvent être diverses, comme vouloir maîtriser l'impact global d'un produit, rechercher à améliorer les processus de production ou encore tendre vers la satisfaction client.
Vient ensuite la phase de collecte des données. C'est ici que l'on va véritablement prendre conscience de tous les facteurs qui viennent influencer l'impact environnemental d'un produit.
On va notamment s'intéresser aux flux entrants et sortants. Les flux entrants peuvent être les matières utilisées pour concevoir un produit, l'énergie utilisée dans sa fabrication ou encore la main-d'œuvre. Les flux sortants peuvent être les émissions atmosphériques, le rejet d'eau usée ou encore de déchets.
Une fois les flux entrants et les flux sortants identifiés, il va falloir les quantifier. Pour chacun d'entre eux, il faudra donc connaître l'impact précis. C'est l'addition de l'impact de chacun, qui permettra une analyse globale du cycle de vie du produit.
Les résultats peuvent ensuite être interprétés par l'entreprise, pour apprécier l'impact environnemental d'un produit. En général, les données sont utilisées pour prendre des décisions stratégiques. Il peut s'agir de changer le mode de production d'un produit ou encore les matières premières utilisées.
Quand l'analyse de cycle de vie d'un produit démontre un impact environnemental faible, l'entreprise peut aussi utiliser ces données pour communiquer sur ses engagements environnementaux.
L'analyse de cycle de vie d'un produit est un processus long, qui peut aussi être coûteux. Les enjeux pour les entreprises sont pourtant d'une importance capitale.
Le principal objectif de l'analyse de cycle de vie d'un produit reste l'analyse de son impact environnemental. Pour l'entreprise, ces données sont précieuses. Elles peuvent être la base de plusieurs réflexions stratégiques, pour améliorer l'empreinte d'un produit.
L'analyse de cycle de vie d'un produit peut aussi permettre de critiquer la durée de vie d'un produit. Pour une marque, il peut être intéressant de connaître les points faibles de l'un d'entre eux, pour pouvoir effectuer d'éventuelles modifications.
En la matière, l'entreprise Decathlon fait figure d'exemple. Pour ses produits développés en propre, l'enseigne a établi une veille permanente, permettant de cerner les points d'amélioration à apporter aux prochaines générations de ses articles.
L’ACV est aussi l'occasion d'innover, et même de développer un avantage comparatif par rapport à la concurrence. Cette analyse profonde peut effectivement faire ressortir des points d'amélioration à apporter au processus de production ou aux produits. Il s'agira même parfois de pénétrer de nouveaux marchés.
En analysant le cycle de vie d'un produit, l'entreprise peut aussi faire de précieuses économies. La phase de production est par exemple passée au crible. Il s'agira donc éventuellement de prendre conscience d'éventuelles faiblesses dans le processus de production, qu'il s'agisse de la gestion de matières premières, de l'utilisation de l'énergie ou encore de l'élimination des déchets. Il en va alors de la rentabilité de l'entreprise.
De plus en plus de consommateurs sont en quête de produits plus responsables, à l'impact environnemental le plus faible possible. Quand une entreprise se lance dans l'analyse de cycle de vie d'un produit, elle dispose de toutes les données pour communiquer sur l'impact environnemental de son activité. Cette transparence peut permettre de convaincre les clients. La possibilité de comparer plusieurs produits peut aussi contribuer à décider l'acheteur, en faveur du moins impactant.
Cela peut ainsi contribuer à mettre en valeur l'entreprise, en lui donnant une image plus responsable. Cette analyse globale est ainsi une façon de montrer patte blanche, pour démontrer au consommateur que l'entreprise s'engage véritablement, loin du greenwashing perpétré par certaines.
Dans certains secteurs, les normes environnementales sont strictes. L'analyse du cycle de vie d'un produit peut assurer à l'entreprise de répondre à ces dernières, pour rester dans le cadre de la loi.
Du point de vue du consommateur, l'analyse du cycle de vie du produit permet une consommation plus éclairée. Il sera ainsi possible de choisir un produit durable, à la lumière de son impact sur la planète, ou encore de sa durée de vie. À travers la réduction de sa propre empreinte environnementale, le client final participe donc à la transition écologique, vers une économie plus verte.
En France, l'analyse du cycle de vie d'un produit est un outil utilisé pour sensibiliser à la gestion environnementale. Il n'y a en revanche que très peu d'obligations légales en la matière.
C'est à l'échelle de l'Union Européenne que l'on retrouve une réglementation relative à l'éco conception. D'une manière globale, elle peut prévoir d'inciter les entreprises à produire des articles économes en énergie ou recyclable. D
ans des secteurs plus spécifiques, les entreprises devront respecter des seuils de consommation d'énergie maximale. Une analyse de la réglementation secteur par secteur est indispensable, pour connaître les obligations en la matière.
L'étiquetage environnemental est une nouvelle fois une initiative européenne. Il vise à attribuer une note au produit, en fonction de son impact sur la planète. Il se présente comme le nutri-score sur les aliments consommables, permettant aux consommateurs de juger un produit en un clin d'œil.
Ce dernier n'est pas obligatoire dans tous les secteurs d'activité. En revanche, pour les produits électriques ou l'automobile, les constructeurs doivent effectuer l'analyse de cycle de vie du produit, pour pouvoir établir cette notation.
L'ADEME, autrement connue sous le nom d'agence de la transition écologique est une institution française. Dans le cadre de l'analyse du cycle de vie, c'est elle qui fournit la documentation et les ressources nécessaires pour chaque secteur d'activité. C'est donc d'elle que dépend l'homogénéité des analyses proposées par les différentes entreprises.
À l'échelle locale, il est parfois possible que la région ou encore le département encouragent les entreprises à attendre vers une activité plus verte. Il est donc possible de trouver des aides, pour se lancer dans une transition écologique de son activité. Par exemple, la décarbonisation des industries est fortement valorisée.
Les normes régissant l'analyse du cycle de vie d'un produit sont les suivantes :
Ces normes internationales permettent donc de comparer les produits selon les mêmes critères.
Les nouvelles technologies accompagnent les entreprises qui souhaitent se lancer dans l'analyse du cycle de vie d'un produit. On tend donc vers des études de plus en plus précises.
Les avancées technologiques de ces dernières années permettent tout d'abord de collecter des données de façon automatisée. Cela permet donc d'améliorer la qualité et la quantité d'informations disponibles pour effectuer une analyse de cycle de vie.
La Big Data a aussi bouleversé les processus d'analyse, en permettant d'analyser et d'interpréter un grand volume de données. L'entreprise pourra donc faire ressortir les opportunités d'amélioration plus rapidement.
Pour finir, ce qu'on appelle le cloud computing permet de pouvoir stocker les données récoltées au cours du processus d'analyse.
Forte de son analyse, l'entreprise va ensuite pouvoir éventuellement entamer des modifications, pour améliorer l'impact environnemental de ces produits. Pour faire preuve de réactivité, la modélisation des produits via les logiciels est un véritable atout.
Dans certaines industries, on parle même de conception assistée par ordinateur. Dans ce cas, l'entreprise pourra aussi se servir de la solution informatique pour collecter de nouvelles informations.
La blockchain a permis de faciliter la transparence des informations et la traçabilité des données, dans le cadre de l'analyse du cycle de vie du produit. Cela permet effectivement une collecte des données décentralisée et sécurisée. Le partage de ces données est aussi sécurisé.
Pour les entreprises, il est assez difficile d'envisager de disposer des compétences nécessaires pour entamer l’ACV en interne. Il s'agit en effet d'une analyse pluridisciplinaire, qui requiert généralement la participation de plusieurs personnes.
Il est donc plus que jamais pertinent de faire appel à des prestataires spécialistes de l'analyse du cycle de vie d'un produit. Cela assure aussi à l'entreprise de respecter les dernières normes en vigueur, grâce à des spécialistes au fait des dernières évolutions en la matière.
Malgré la nécessité d'utiliser l’ACV pour tendre vers une économie plus verte, ce système présente encore certaines limites comme :
Par ailleurs, il y a encore tout un travail de sensibilisation à effectuer auprès des entreprises comme des particuliers. L'analyse du cycle de vie d'un article en est donc à ses débuts. Elle devra être perfectionnée, pour impacter davantage les modes de consommation et de production.